Grappe de poivre indien dans le KeralaCategoriesVoyages

Découverte d’un poivre rare et exceptionnel au Kerala

Novembre 2021 – Mon voyage en Inde à la rencontre de plusieurs producteurs avec mon associé, Shajin.

 

Mon dernier voyage en Inde a été d’une intensité émotionnelle encore plus belle et plus puissante que d’habitude.

Je prends toujours beaucoup de plaisir à voyager, à découvrir de nouveaux paysages en allant chercher des épices, le voyage étant une des raisons qui m’a poussé à me lancer dans l’aventure des épices. Mais cette fois-ci, c’était un peu différent car la gamme d’épices et de poivres Fingourmets est déjà établie et maintenant, quand Shajin et moi partons explorer, c’est pour trouver des perles rares. C’était donc l’objet de mon dernier voyage en Inde : trouver un poivre indien hors du commun, un curcuma avec un taux de curcumine plus élevé que les autres, une baie inconnue de nous occidentaux, en bref, découvrir de nouvelles saveurs !

A la rencontre des producteurs de poivres de la région du Kerala

J’atterris à Cochin le 14 novembre, très tôt dans la matinée.

Après ce long voyage, je me rends chez Shajin retrouver ma famille Indienne que je n’avais pas vu depuis de longs mois :  Jaya, la maman de Shajin (nous avons nommé d’ailleurs notre mélange Massala en son honneur); Shan, son papa et Sheethle, sa sœur. 

Avant de reprendre la route en direction des ghâts occidentaux, territoire d’épices, Jaya n’a pas pu s’empêcher de préparer « un petit quelque chose à manger » comme le dit si bien Shajin. Attention, en Inde, on ne fait rien avec le ventre vide. Là-bas, il n’y a pas d’horaire pour les repas, on mange quand on a faim !

 

9h00 du matin, Jaya nous sert un curry d’agneau dont elle a le secret en me disant que la bête a été tuée la veille en mon honneur.

Le curcuma, la cardamome, le poivre, la feuille de curry, l’ail, le gingembre et bien d’autres épices encore, dansent sur mon palais et m’enveloppent dans leurs bras chaleureux en me chuchotant à l’oreille : « ça y est, tu es bien en Inde ! ». Je me régale.

 

Nous prenons donc la route avec Shajin vers le Kernataka, état du sud-ouest de l’Inde, frontalier avec le Kerala. Nous nous arrêtons dans de nombreux villages, en direction des « spices shops » (magasins d’épices) en espérant trouver une pépite et essayer d’en retrouver la source.

Un poivre d’une rareté exceptionnelle s’offre à nous…

Après quelques jours de route à travers la jungle et les montagnes, nous arrivons dans un petit village pas très loin de la frontière du Kerala, et nous nous arrêtons chez un marchand d’épices pour goûter des poivres, réputés dans cette région de l’Inde.

Voyage en Inde

Avant de nous lancer dans la dégustation des poivres de cette boutique indienne, nous tentons une petite expérience pour vérifier la qualité des grains de poivre. Cette expérience consiste à mettre les grains de poivre dans un verre d’eau. Si une majorité de grains flottent, c’est signe que les grains ont été abîmés lors de la récolte ou du séchage et que les huiles essentielles se sont échappées du grain. Si une majorité des grains coulent, cela signifie que les grains ont été traités avec soin, sûrement récoltés et sélectionnés à la main et qu’ils contiennent une forte teneur en huiles essentielles.

À noter que ce test ne remplace en rien l’analyse visuelle, olfactive et gustative d’un poivre.

Tous les poivres que nous essayons ne passent pas le test de manière positive, je suis un peu déçu. Nous les goûtons, et ils me paraissent en effet éventés car probablement stockés dans de mauvaises conditions.

Shajin fait part de notre déception au marchand et lui demande s’il n’a rien de meilleure qualité.

Le commerçant va alors chercher un autre poivre dans une petite boîte qu’il n’avait pas pensé à sortir avant. À l’intérieur se trouve un grain si gros et si noir que j’ai d’abord pensé à une contrefaçon. Je demande à Shajin de m’apporter un verre d’eau pour tester brièvement la densité du poivre et il se trouve qu’ aucun grain ne flotte (fait très rare). Je décide donc de goûter un grain de poivre, et là, ça y est, je savais que notre voyage avait déjà atteint sa raison d’être. Un poivre avec des notes d’épines de sapin, d’eucalyptus, avec une belle amertume en fin de bouche qui vient arrondir le tout et un piquant d’une souplesse étonnante.

 

Il me semblait que ça n’était pas un piper nigrum (variété du poivre noir que nous consommons dans 99% des cas) car les grains étaient trop gros et trop parfumés pour en être, et même son aspect était un peu différent.

A la recherche du producteur indien du poivre d’exception 

 

De retour dans la voiture avec Shajin, nous nous rendons à l’adresse affichée sous la boîte.

Nous arrivons dans une petite maison où nous sommes accueillis par une dame et son fils.

Nous leur expliquons que nous venons de goûter leur poivre et que nous aimerions beaucoup leur en acheter si possible.

 

 

Le jeune homme, Akash, prend son téléphone et appelle son père Shan, qui n’est autre que le botaniste mentionné par le marchand un peu plus tôt.

Il me dit au téléphone qu’il est à sa plantation et qu’il se ferait un plaisir de nous y emmener le lendemain matin.

Nous partons donc de bonne heure visiter la plantation de poivre de Shan. Il faut marcher une heure pour y accéder au milieu de la jungle, en territoire de serpents, et de sangsues ! 

En chemin, Shan nous explique que cela fait 20 ans qu’il cultive des variétés indigènes de piper (nom botanique du poivre) et que personne ne croit en son projet car le rendement de ses vignes de poivre n’est pas assez rentable et que son poivre sera donc trop cher pour un « poivre qui a un drôle de goût et qui ne pique qu’à moitié »!

 

“Cela fait 20 ans que Shan tient tête à tout son village en leur disant qu’un jour, son poivre sera reconnu comme étant le meilleur du monde !”

 

Sa plantation est incroyable, complètement sauvage, il fait très attention à ne pas perturber la nature et n’utilise évidemment aucun pesticide.

C’est un petit jardin d’Eden, tout y pousse de manière entièrement sauvage : le café, les mangues, la cardamome, des fleurs tropicales extraordinaires et évidemment, le fameux poivre indien. Les grains sont énormes, je n’en ai jamais vu de semblable et pouvoir le ramasser directement sur les lianes pour en croquer les grains représente pour moi un rêve éveillé.

 

Nous discutons avec Shan en lui faisant comprendre que son poivre fera l’unanimité sur les tables européennes et nous lui achetons tout son stock.

Développer l’Agriculture Biologique en Inde, auprès des producteurs de poivres entre autre

 

Nous avons pour projet de lever des fonds et de créer un partenariat avec Shan afin de développer la culture de ce poivre rare et unique qui n’est pour l’instant disponible qu’en très petite quantité.

Nous espérons pouvoir développer ce projet en respectant les valeurs du commerce équitable et de l’agriculture biologique pour que cela puisse bénéficier à toute la communauté des producteurs de poivre de cette incroyable région.

 

Ce poivre n’est pour le moment pas disponible à la vente le temps pour nous de mettre le projet en marche.